Réunion des enseignants du département : quelques enjeux des enseignements artistiques

Ce lundi 3 octobre 2011, l'ensemble des enseignants des établissements d'enseignements artistiques de la Sarthe étaient réunis à l'abbaye de l'Epau, à l'invitation du Conseil Général, et dans le cadre du Schéma Départemental des Enseignements Artistiques. Les thèmes abordés traduisaient des enjeux communs aux différents établissements : 

  • favoriser les pratiques collectives
  • relations avec l'éducation nationale
  • musiques actuelles
  • construire et réaliser un projet

Aucune liste n'est exhaustive, mais celle-ci trace un profil des préoccupations d'aujourd'hui. Si, par comparaison, on cherchait à retrouver les points de discussions entre établissements, proposés il y a dix ou quinze ans...? On ne retrouverait certainement pas les "musiques actuelles", dont les pratiques étaient laissées au secteur associatif. Je ne me souviens pas qu'on se soit arrêté alors sur les relations avec l'éducation nationale, même si on mettait en place des interventions scolaires. Je ne crois pas non plus qu'on ait jamais retenu le thème de la "construction de projet", mais à la place il y avait une série d'items avec questions pratiques à résoudre pour les rencontres cordes du département, les rencontres chorales enfants, les rencontres bois, etc. Pour autant donc que ma mémoire ne me joue pas de tour, un ordre du jour, vers les années 2000, était :

  • favoriser les pratiques collectives
  • l'intercommunalité, ses enjeux
  • formation professionnelle et titularisation des enseignants
  • organisation des rencontres départementales

Cela signifie-t-il que l'ordre du jour, dans dix ans, ou plus, sera :

  • favoriser les pratiques collectives
  • ...
  • ...
  • méthodologie des prolégomènes à toute construction de projet  ?
Non... enfin pour le quatrième point, il est, en effet, bien possible que nous allions dans cette direction, mais le premier point, la fixation sur : "favoriser les pratiques collectives", nous devons lui tordre le cou avant qu'il ne nous (dis)crédite d'obsession. Car si nous ne parvenons, ni les uns ni les autres, à "favoriser les pratiques collectives" de façon satisfaisante, c'est tout simplement que le problème est mal posé. Nous imposons uniformément pour tous les instrumentistes la pratique individuelle, nous la défendons de toutes nos forces, et après cela, considérant cela acquis, nous parlons d'ajouter des pratiques collectives. Ce qui ne va pas, ce qui empêche de progresser, c'est ce traitement uniforme, qui ne tient pas compte des attentes différentes des élèves. Alors le système se met en place de façon rigide : on impose des quotas, des listes d'attentes, on se contente de former, somme toute, très peu d'élèves en regard de ce qui devrait être fait, car il est évidemment raisonnable de penser que, entre les différentes esthétiques musicales, les formes de danses et les formes théâtrales, ce sont presque tous les enfants et adolescents que nous pouvons intéresser, et non un sur vingt ou sur cinquante! Pour ce faire il ne faut pas se demander comment "favoriser les pratiques collectives", mais plutôt mettre en place des "cycles de formations collectives", lesquels serviront éventuellement de tremplin pour le choix, par certains, d'une formation intensive, comprenant un enseignement individuel. Nous assurons une initiation pour tous les enfants en milieu scolaire; nous proposons également une formation intensive, de fait réservée à une petite minorité; nous avons maintenant à mettre en place un trait d'union entre les deux, entre l'initiation pour tous et la formation intensive pour quelques uns, ce trait d'union est un ensemble de "parcours collectifs d'enseignement artistique".

Le prochain ordre du jour commencera par :
  • des parcours collectifs d'enseignement : pourquoi? comment?

Ce sur quoi nous devons ouvrir les yeux, ce qui nous fait tant de mal à regarder, parce que nous avons été formés ainsi, et que nous nous en sommes bien trouvés, c'est sur les limites que notre modèle impose à l'enseignement musical. Notre modèle est le "préceptorat". Un enseignant pour un élève. Si nous écoutons les enseignants, les élèves et leur famille, ce modèle a énormément d'avantages. C'est pourquoi il faut le "favoriser". De toute évidence ce ne sont pas les pratiques collective qui doivent être "favorisées" : il suffit  de les mettre en place, et elles se développeront à notre rythme, avec peu d'aides extérieures. Par contre les pratiques individuelles, ou semi-collectives, en petits effectifs, ont besoin d'être fortement soutenues. D'un point de vue financier c'est évident : seule une faible part de la population est à même de payer à ses enfants le prix d'un cours individuel. Mais aussi d'un point de vue pédagogique : car l'enseignement individuel entraîne un investissement en temps de travail personnel qui doit être soutenu par la famille, et par toutes les incitations, les concerts, les spectacles, les enregistrements, enfin tout le travail des enseignants et directeurs qui permet de mettre en valeur les parcours des élèves.
Lorsqu'il y aura, ne serait-ce que un enfant ou adolescent sur deux (ce qui n'est pas notre but, mais une étape, en attendant mieux) à pratiquer l'un ou l'autre des arts que nous enseignons, les groupes, les diverses formations fleuriront d'elles-mêmes, et nous pourrons légitimement favoriser les pratiques individuelles de ceux qui font le choix de s'y consacrer de façon intensive, tout en donnant au plus grand nombre des instrument de développement personnel et de sociabilité.

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